Ce mois ci je n’ai pas pleuré quand j’ai appris que je n’étais pas enceinte.
Bien sûr, il y a eu cette frustration et ce vague à l’âme.
Mais plus de pleurs convulsifs ou de râles inarticulés et retenus.
Il m’arrive encore de penser à « s’il n y avait pas eu la fausse couche ».
Et je croise encore trop de femmes enceintes à mon goût.
Mais je n’ai plus cette rage au coeur devant celles qui ont ce à quoi j’échoue.
L’autre soir, il m’a fallu deux heures avant de réaliser que la femme avec qui je discutais était sans doute tombée enceinte en même temps que moi.
Je pense que je commence à surmonter cette fausse couche.
Et rien qu’à le dire, j’ai encore du mal à croire ce par quoi je suis passée.
J’ai eu le droit à chacune des étapes du deuil, et je commence doucement à fermer ce volet.
Mais il faut que j’en parle.
D’abord parce que ça m’aide. Mais aussi parce que je ne suis pas sûre qu’on puisse mesurer ce qu’on vit lors d’une fausse couche. Et encore moins soupçonner (ou admettre) la dépression qui vous guette et qui risque de vous pourrir à retardement
J’ai fini par aller voir une psy, et prendre des anxiolytiques.
5 mois après la FC, je pensais être passée par dessus ça et j’avançais.
Pourtant, en vrai, je n y arrivais pas à trouver les mots pour exprimer ce qui restait au fond de moi.
Que j’en sois consciente ou pas, il y avait ce bouillon de culture qui m’empêchait de penser juste, et qui a fini par m’empêcher même de penser tout court. J’étais enfermée et perdue dans ma propre tête.
Ca a commencé à s’exprimer doucement. Je n’avais plus de crise de larmes dès que je pensais à la fausse couche, mais des crises plus sournoises. Un petit mal-être au quotidien ; un inconfort que je pensais normal et pas forcement dû à la fausse couche.
Puis ça a été les crises d’angoisse qui s’invitaient sans que je comprenne bien pourquoi. A chaque fois, du mal à calmer sa respiration, les larmes qui débarquent et l’impression que plus rien ne va.
Ma situation personnelle et professionnelle en a beaucoup pâti et j’étais incapable de comprendre ce qui coinçait, quelle était la source de ce malaise.
J’étais incapable de le comprendre et de l’exprimer.
Et puis un jour, je me suis effondrée à la médecine du travail.
J’y suis allée pour une visite prévue de longue date, et en 40 secondes, j’ai fondu en larme devant le médecin.
A la question « avez vous été arrêtée depuis la précédente visite » tout a craqué et ma cervelle a parlé à ma place.
J’ai eu la chance d’être reçue par une femme médecin qui a su quoi faire, et que me dire. Elle a mis des mots sur ce qu’il me manquait : le deuil, l’isolement, la frustration, la détresse… la dépression.
Et tout honteuse que j’ai pu être à ce moment là, ça m’a vraiment aidé.
Je me suis doucement réveillée et j’ai pris conscience de la situation où je m’enfermais.
Je n’avais pas su admettre que je n’allais pas bien. Je m’étais isolée.
Et pire : j’avais pallié à ce malaise par le travail, dans un contexte pro exsangue.
Et là, j’atteignais un point critique !
J’ai donc vu mon médecin ainsi qu’une psy.
(Et j’ai décidé de quitter mon job pour arrêter de m’empoisonner au quotidien avec un stress sur lequel je n’avais aucun contrôle.)
Je sais, c’est un peu radical.
Mais je peux vous dire que cela va beaucoup mieux.
M’arrêter et consulter m’a permis de souffler et d’être prise en charge.
Mettre des mots sur ce deuil m’a permis de remettre les pieds sur terre, de comprendre ce qui m’empoisonnait.
Mettre fin à un contexte pro nuisible, me permet de reprendre ma vie en main et d’avoir (enfin) du recul sur des frustrations et des malaises que je m’imposais à tort.
Et maintenant, je regarde 2016 avec plus de confiance, et de paix.
Pourtant, mon bilan de santé n’est pas très clair, et je devrais sûrement m’inquiéter de ma situation pro.
Mais au contraire. Je me sens mieux !
J’ai eu envie de vous raconter tout cela car j’aurais aimé que quelqu’un m’avertisse et m’aide à comprendre.
Cet article, c’est ma façon d’avertir les autres.
J’ai déjà eu plusieurs messages de filles ayant découvert ce blog après une fausse couche.
Alors pour celles-ci, et les prochaines : prenez soin de vous : parlez !
[…] Mais les choses changent. Elles évoluent, et s’éclaircissent. Au point qu’il est temps de faire mon coming-out : ici. […]
Tes mots en tous cas sont très beaux et en plus de te faire du bien, ils sont très touchants. Difficile de se mettre à la place de celles qui ont connu ce vertige quand on ne l’a pas soi-même traversé, mais j’ai ressenti en d’autres circonstances ce type de sentiment, donc, en toute humilité, je comprends… Bon courage!
Juste *hug*
D.
Je suis tellement désolée… J’étais à des kilomètres d’imaginer ce qu’il se passait dans vos vies, ce que tu traversais et traverse encore. Plongée dans le virtuel on passe à côté de l’essentiel parfois, on ne se doute pas… Je sais qu’on est pas de proches amies, mais j’ai de l’affection pour toi, pour vous, je souris toujours d’avoir de tes nouvelles par réseaux interposés, je pense toujours à toi quand on projette d’aller à Paris, mais qu’on ne concrétise jamais, faute de temps/argent/organisation…
Bref. J’ai envie de te serrer dans mes bras, de te faire savoir que même loin, il y a des gens qui pensent à toi, qui aimeraient tant être utiles, pouvoir soulager ne serais-ce qu’un peu ce poids qui pèse sur toi…
Cet article se termine sur une note optimiste et je trouve ça génial que tu arrives à voir les choses comme ça, parce qu’il n’y a que du positif qui puisse en ressortir ! Moins de pression, moins de stress et une meilleure compréhension de toi même, c’est une belle façon d’entamer 2016.
Je te souhaite le meilleur, vraiment. Du fond du coeur.
Je n’imagine même pas par quoi tu es passé. Je te souhaite encore pleins de courage.
et hop un énorme coeur pour toi, et des bras pour te réconforter
Merci de ta confiance en partageant cela… touchant, vraiment.
J’espère que ça ira mieux <3 🙂